Morituri te salutan

Sur la Grande Agora, au pied même de la Grande Arche d'où s'élèvent les aéronefs consulaires de la Classis Galactica, la foule s'amasse en jouant des coudes, à grand renfort de cris de liesse et de vivats (quoiqu'à en juger certains faciès, il s'agisse parfois de surprise, voire de panique).
Les troupes Consulaires d'élite encadrent toute cette foule chaotique aux multiples races et ethnies, n'hésitant à pas à rappeler leur doux souvenir à coup du plat de leurs carbo-lames sur les visages des agitateurs trop zélés...Tous se bousculent dans un chaos innommable, esclaves et citoyens libres, notables et mendiants : le flot humain s'endigue peu à peu et devient presque homogène lorsque retentissent les cors martiaux et les tambours de la fanfare militaire annonçant l'arrivée du QSP 1 "Imperator", vaisseau personnel du Consul sur la rampe d'arrimage...
Les rétrofusées vrombissent, suivant le rythme des percussions tandis que l'aéronef finalise son atterrissage devant une foule fanatisée assistant aux prodiges divins de la magie de leur souverain, capable, selon eux (et la propagande officielle) de commander aux géants d'aciers qui se propulsent vers la voute céleste...
En haut de l'Arche au millier de marches de marbre le plus pur, l'engin expulse un nuage de fumée brûlante sous pression, dans un sifflement strident et un souffle titanesque. La gueule d'acier s'ouvre et une rampe d'accès en descend doucement, couverte d'un tapis soyeux ayant la couleur du sang le plus vif...
Soudainement, la foule retient son souffle, les pas lourds et cadencés de la Cohors XIII "Hasta Praetoriana", les troupes d'élite les plus aguerries de la nation, s'occuppant de la sécurité personnelle du Consul, retentissent sur la venelle métallique : cent gardes du corps d'élite, issus des ultimes savoirs en biologie, en génétique et cyberarmurés avec le dernier cri de l'ingénierie robotique encadrent la sortie de l'aéronef dans un ordre parfait...

Un Centurion de la Cohors XIII...

La musique s'emballe de plus belle alors qu'une cothurne dorée se pose sur les premières marches de la rampe, cet auguste pied, suivi de son jumeau s'élance le long du tapis et dévale la pente... Un homme austère mais majestueux, d'une cinquantaine d'années, à la coupe de cheveux sombre et impeccable, au regard droit et aux sourcils froncés pose ses yeux sur la foule... Il porte la toge blanche et la cuirasse protocolaire, la vibrospatha au fourreau... Il garde un instant le silence, puis héle un ordre au centurion de la Legion qui le retransmet immédiatement à ses troupes, qui posent un genou au sol, bouclier levé et lance au clair, adoptant ainsi une formation de salut fanatisé tout en restant prompts à réagir à la moindre sollicitation...

"Tracchus ! Que cela cesse ! Je suis las et m'ennuie de tout ceci.. Je veux rentrer au palais !"

s'exclame une petite voix provenant de l'embrasure du portail de l'aéronef... Elle provient d'un garçonnet de 8 , peut être 10 ans, frêle et mince... Il n'aurait l'air de rien s'il n'arborait pas une toilette impériale des plus sophistiquées, composée d'une longue toge blanche, bordée de pourpre et d'or, d'une longue cape à trainée dans le velours rouge le plus fin, une paire de cothurnes d'or, elles aussi, et une couronne de lauriers sur la petite tête aux cheveux châtain un peu emmêles.

"Patience, Ô Divin Consul, la cérémonie touche à sa fin... Vois comme ton peuple t'acclame " rétorque immédiatement le dénommé Tracchus, qui n'est autre que le quinquagénaire descendu préalablement de la nef.

L'enfant fronce les sourcils, une colère capricieuse se dessine dans son regard bleu et farouche. Soudain, il explose !

"JE SUIS LE CONSUL ET JE VEUX RENTRER IMMÉDIATEMENT ! J'AI DIT ALORS TU OBÉIS !"

Le dénommé Tracchus grince les dents et ferme les yeux pendant une seconde, se frotte les paupières avec les pouces... La lassitude le gagne.

"Comme tu voudras, Ô Fils des Dieux..."

Le visage du gamin s'adoucit aussitôt, et un sourire rieur se dessine sur son visage angélique tandis qu'il remonte sur la coursive du vaisseau en gambadant.

"Tu vois quand tu veux ! Peut être qu'il y'aura des pâtisseries aux dattes ! j'adore les pâtisseries aux dattes ! Ces fichus esclaves ont intérêt à en avoir fait tout plein sinon je les fais jeter aux zlumargs baveurs on rira moins hein hein ?"

"C'est cela Ô Grand Consul... Pendant ce temps moi, je m'occuperais de la diplomatie avec le Cartel pour qu'ils considèrent notre candidature à l'adhésion.... *soupir* ... "

"C'est quoi la 'plomatie Tracchus ?"

" C'est un jeu que je t' apprendrais plus tard, Ô Panacée des Merveilles"

"J'espère que c'est amusant !"

"Tu n'as pas idée, Divin Souverain... Non tu n'as pas idée à quel point *soupir*"

Après que ce beau monde ait rembarqué dans l'aéronef, le peuple assiste à nouveau au prodige magique de l'envol du géant d'acier...

Descendant de la navette, dont les lignes droites, froides et métalliques tranchent avec les vaisseaux baroques de Byzantium Secundus, et particulièrement dans le vaisseau amiral de la flotte de cette planète, l'envoyé spécial de la Fédération Beldurasienne, Ramon Archelev, est accueilli par une haie d'honneur.

-Quelle décadance, quelle gaspillage!
Si ce n'était sa mission, il aurait depuis longtemps exprimé ses pensées à haute voix et laissé tomber cette planète à la structure sociale archaïque et oppressive. contraire aux ensignements du Grand Savant Prolétarien, le dirigeant aimé de tout un peuple, le Président Rotheryc.

Mais, hélas, depuis que des techniciens aliénés par des siècles d'esclavage mental et productif avaient reçu les messages de paix du Grand Leader, il fallait bien s'y rendre.

Ses bottes de cuir, aux semelles de bois, claquaient sur les marbres du centre de commande.
Un homme d'âge mûr l'attendait. Ramon se rapellait à peine de son nom, Traccus, Tracecus, quelque chose dans ce genre là...

-Ave, Ambassadeur, lui déclama ce personnage tout en lui faisant une courbette toute autocratique, votre voyage s'est-il bien déroulé?
-Très bien, nos navettes sont faites pour l'efficacité de nos missions et le confort raisonné et égalitaire de nos citoyens, aussi c'est dans une totale harmonie materielle que s'et déroulé le trajet.
Alors que Tracchus essayait de décrypter ce qu'il considérait comme un charabia occulte, l'ambassadeur lui mit sous le nez une pile de document tout en parlant à une vitesse rarement atteinte, dissimulant mal une envie pressante de s'en aller le plus rapidement possible, mais pas aux dépens d'une mission très importante pour le pouvoir populaire, tel que lui avait résumé le Grand Transistor de la Mécanique Sociale lors de son briefing.
-Voici les dossiers diplomatiques, du Formulaire 3843-B72, au Projet de Traité 392-F93, concernant votre adhésion au Cartel, j'attire votre attention sur les paragraphes 354 et 432, particulierement, à l'alinéa 23-alpha de ce dernier. De plus, les standardisations telles que prescrites par l'article 345 du Dossier 3932-E30 sont...

Essayant d'endiguer le flot de jargon bureaucratique, Traccus réussit a placer
-Votre Eminance, cela m'a l'air fort intéressant et tout à fait admirable, mais nous travaillerons dessus plus tard, d'ici là, dit-il en faisant coulisser une porte révélant une suite tout a fait exquise selon les standard Byzantertiens, décadantes et oppressive selon les canons Beldurasiens tels que définis par l'Astre du Ciel des Idées Révolutionnaires, je vous propose de vous délasser dans vos quartiers.

Un moment interdit, Ramon essaya de faire valoir son point de vue.
-Mais votre excellence, ce sont des dossiers ne souffrant aucun retard! Cela doit etre fait le plus rapidement possible dans l'interet des masses travailleuses de nos deux nations!
-Je comprends bien, Tracchus réprima un soupir, mais le Consul ne peut malheureusement pas accorder son auguste et divine attention sur vos demandes.
-Comment cela? Je n'ai pas fait vingt parsecs pour m'adonner à des activités cyber-autocratiques! Pourquoi ne pas commencer immédiatement?
-La présence du Consul est nécessaire pour cela, et il est en train...de faire sa sieste et ne peut être réveillé, selon ses désirs.

Le moment de silence qui s'ensuivit reflétait a la fois la profonde gène de Tracchus, et la stupeur de Ramon qui avait du mal à se faire à l'idée qu'un gamin de 8 ans soit le dirigeant en titre d'un peuple tout entier.
Cette situation contre-populaire et justement dénoncée dans les écrits de l'Halogène des peuples opprimés, risquait de provoquer des remous et de mettre en péril sa santé mentale avant la fin du jour.

En retard... Le directeur du Cartel est en retard pour une rencontre protocolaire avec un peuple, les Beldurasiens. En retard..., le directeur n'a que ce mot en tête,.. On le distingue a peine, dans le croiseur qui le conduit sur les lieu de la rencontre, enfouis sous un monceau de règlements et de documents administratif, qu'il verifie pour la rencontre...

Enfin, le croiseur entre en orbite et entame sa descente dans l'atmosphère sous les vombrissements des moteurs GSP-5. Le directeur jubile, se lève d'un trait, faisant voler les documents dans le cockpit et cours vers le sas de sortie du vaisseau. Dès que le vaisseau fait mine de toucher le sol de la planète amie, le directeur descend et cours vers le lieu de la rencontre...

Arrivé sur place voila qu'il ne trouve pas deux dilomates comletement avachit en train de regarder un bon vieux hologramme adapté aux nouveaux CIYF (cinema in your face) en très bonne compagnie. Le directeur ne comprend pas... Ne devais-t-on pas discuter de l'adhésion d'un peuple à notre organisation??
Ramon et Tracchus le regarde d'un air dubitatif...

Tracchus se decide enfin et dit:
-" Mais monsieur le directeur cela fait déja 4h que notre rencontre à commencé, nous nous somme lassé par tant de retard. De plus notre Consul est un enfant de 8ans qui ne pense a rien d'autre qu'a manger dormir et encore manger..."

Ce à quoi le directeur repondit:
-" Très bien mais mon bon Traccus, dans ce cas je te sent prompt à m'expliquer l'organisation et les buts que toi et ton consul comptai atteindre pour votre peuple. Débranchez moi ce CIYF vous me voyez plus parler... non non mesdemoiselles vous pouvez rester..."

Tracchus sentai enfin monter en lui les premices d'un pouvoir qu'il se jura de ne jamais abandonner même au detriment de son consul.
Ramon était quand à lui très occupé à refocaliser son attention sur le protocole.

Le directeur sentait que les discutions allaient pouvoir commencer...

Le directeur en avait marre d'attendre il laissa une invitation au consul Quareus et quitta la planète;

(navré pour le retard, j'ai une foultitude de choses à faire IRL en ce moment, je continue quand même le Role Play )

Tracchus servit aux hôtes en présence du vin en le versant dans des coupes que l'émissaire Beldurasien considérait sans doute comme des accessoires faisant l'étalage d'un luxe inopportun et indélicat... Ce faisant, il réfléchissait.
Il écouta avec attention les interventions de chacun des deux hommes, la diplomatie était, depuis longtemps, son terrain de prédilection et il savait qu'il avait à faire à des gens qui, bien que culturellement différents, poursuivaient un but ensemble en mettant leurs moyens et soutiens en commun.
Tracchus savait que c'était un pari risqué, mais avec des possibilités ô combien alléchantes pour la prospérité du Consulat. : la décision qui allait suivre scellerait le destin du peuple Byzantertien, tout du moins jusqu'à ce que le Consul soit en age de comprendre et de révoquer une telle association si tel en était son désir... Qu'importait... Sa formation politique n'était pas encore à l'ordre du jour, un enfant reste un enfant... Il comprendrait bien assez tôt les intérêts émanant d'un acte si exceptionnel.

"Messieurs, le Consulat se targue depuis longtemps d'être un glorieux héritage. Mais aujourd'hui, ces legs ont connu une certaine dépréciation...Nos ancêtres avaient bâti un empire stellaire grandiose, aux mondes vastes et riches. Des bâtisseurs, et des civilisateurs apportant la paix et la prospérité sur des planètes hostiles et lointaines... Mais la grandeur de l'Empire a fait sa perte.
Aujourd'hui, à mesure de dissensions internes ayant rongé l'ensemble pendant des siècles, la dislocation ne laisse plus qu'une poignée de mondes vassaux à Byzantium : les séditions ont vu naitre des dynasties farouchement indépendantes qui étaient issues des familles pourtant les plus méritantes de notre aristocratie... Mais après tant de temps, la primauté de leur statut et l'honorabilité de leur service rendu à gouverner leurs mondes en notre nom ne leur a plu semblé si important, et ils ont décider de posséder purement et simplement ce que nous leur avions confié, se déchirant sans fin entre eux par la même occasion pour le contrôle de tel ou tel secteur de notre ancien Empire. C'est ainsi que la dynastie Consulaire a été affaiblie, entre les guerres, les intrigues de pouvoir, et les assassinats... Le dernier vestige de cette époque glorieuse a pris les traits d'un enfant qui porte sur ses frêles épaules le poids de plusieurs millénaires de grandeur... Voyez le paradoxe."

Il fit une courte pause, en caressant machinalement l'épaule nue d'une des esclaves de compagnie assise sur le bras du fauteuil qu'il occupait.

"Nous voulons tirer les leçons de ces déboires, la domination n'est pas éternelle, les intérêts du maître étant souvent aux antipodes de ceux du serviteur... La configuration de votre institution, privilégiant l'entraide multiple sans rapports de force, et donc sans limitation de la souveraineté de vos membres-adhérents est pour nous, une façon nouvelle de voir les choses, mais elle semble clairement plus adaptée aux nécessités de notre politique actuelle...Avancer dans un élan commun, se confronter aux mêmes problèmes tout en reconnaissant une certaine légitimité d'autodétermination aux puissances qui composent votre groupe. C'est séduisant. D'où notre appel à l'adhésion après votre prise de contact".

Il se leva, tendit la coupe de vin vide à une esclave en lui intimant de la remplir à nouveau pour lui et ses hôtes. Il tripotait nerveusement la chevalière qui ceignait son annulaire, manquant plusieurs fois d'activer le faisceau de gravure laser qui remplaçait depuis longtemps les cachets et la cire.

"Nous avons beaucoup à partager, à offrir et à apprendre. Nous sommes depuis des générations une nation guerrière et conquérante, mais il existe un moment où les armes doivent finalement se taire et faire place au dialogue et à l'échange... Ceci dit, n'oubliez pas que si vous nous acceptez à votre table, nous serons acquis à chacune de vos causes tant qu'elles n'iront pas à l'encontre de nos propres impératifs politiques... "